lundi 31 août 2009

Sur le sol de La Conca



Chers toutes et tous,
Quand l'autoroute du Sud entre Barcelone et Valence franchit le col de Cabra ("Chèvre"), la chromatique du paysage prend des tons plus tranchés. Croûte rouge des argiles, argenterie d'oliviers, mélopées d'amandiers, dings dongs fins des noisetiers me remontent par les pieds.
Le paysage implique le corps, le corps implique l'écriture. Comme souvent quand s'ouvre l'éventail fixé au col de Cabra, je pense à cette phrase de Joan Miró à Jacques Dupin, dans une allusion au tempérament qui a porté sa peinture: "Nous autres les Catalans, nous pensons qu'il faut avoir les pieds solidement plantés dans le sol si l'on veut bondir dans les airs."
C'est dimanche dans le matin doré, je suis le dessin des terrasses sautillant de murette en murette vers le fil maigrichon du Francolí, cette rivière soudainement orgiaque deux fois par an. Le reste du temps, elle sèche sous les hallebardes jaunes des roseaux. On s'y baignait, on ne s'y baigne plus. Les poissons ne sont plus qu'un souvenir. Comment s'oublier aussi des vignes à qui les hommes enlèvent en ce moment leurs grappes? Merlot, grenache, pinot noir, macabeu, ..., c'est une chorale entière de cépages.
Longtemps frontière des frontières entre le monde chrétien européen et le monde islamique hispano-médiéval, la petite région s'appelle la Conca ("La Conque"), plus exactement La Conca de Barberà, et c'est dans cet espace que bahutent mes deux généalogies, les plus catalanes qui soient, Tarragó et Balcells par papa, Esteve et Serra par maman. Malgré les histoires de paysans sans terre et d'ouvriers à journée double qui lui sont affectées, fouler ce sol me rend gai, pétri qu'il est de pas de sardane, de chants choraux sous les voûtes d'églises romanes, et de petites motos qui pétaradent en soulevant la poussière des places, comme dans les films néo-réalistes italiens.
Au renversement du col de Cabra, une sensation merveilleuse m'étreint dès lors qu'à droite apparaît le premier village, Cabra del camp, sur sa butte rehaussée par un clocher à colonne unique. L'imagination s'empare des rues serrées, et alors se recomposent les conciliabules dans les entrées, les va-et-vient en espadrilles qui appartiennent aussi à Vilaverd, Montblanc, L'Espluga de Francolí, ces noms qui picotent comme les limonades et les eaux de seltz des vermouths.
Dimanche était jour de "festa major" à Lilla, un village de cent feux perché au-dessus de la plaine. La côte est intimidante, un petit Tourmalet. Le rituel des autres années a été observé à la lettre. Après la messe de douze heures trente, — à force de l'observer, le catholicisme catalan me semble de plus en plus ressembler à un catholicisme de crèche, un peu plat mais doux comparé à celui des processions de Séville —, la chorale de Lilla, onze femmes et sept hommes, a aligné ses chants dans la nef. Puis le bal des bâtons — une tradition moyenâgeuse — a claqué sous les deux mûriers et le platane de la place au profil tord-chevilles. Dans un coin, une vingtaine d'adolescents poussaient chacun sa "gralla", un de ces hautbois catalans caractéristiques, sorte de bombarde qui rend un son plus aigu que celui d'un biniou et qui accompagne le tournoiement des géants et des grosses têtes (il y en avait trois).
Au foyer, ce furent sardanes et apéritifs, et dans le brouhaha on entendait que chacun prenait des nouvelles du petit dernier, né à Barcelone ou à Tarragone. Tout bougeait, mais rien ne semblait avoir bougé par rapport à l'année dernière. Pas même le menu de la tante Sofia et des cousins Ramon et Núria. Les dix-sept qui sommes à table (cette année dix-huit, un fiancé a été adoubé) nous réclamons que rien ne change, surtout le veau élevé sous la mère, avec sa levée de suc mémorable bordé par un lit de champignons et de petits pois. Je n'en dirai pas davantage, sauf que par une infidélité faite aux vignobles de La Conca, c'est un Llàgrimes ("Larmes") de la Terra Alta qui est venu, armé d'âpre rocaille, tutoyer nos palais.
Je ne me suis pas rendu compte que l'abbé de Montblanc avait béni la table. J'avais pourtant devant moi le brave homme, un exemple de la génération des curés espagnols progressistes en jeans de la fin des années soixante. Il rénove à tour de bras le patrimoine roman de La Conca. Plus tard, on m'a dit que cette année il a fait plus vite pour la bénédiction. Je vous dis, un catholicisme discret. À moins que la routine... Je n'ai pas assisté en fin d'après-midi à la traditionnelle partie de football entre mariés et célibataires, et je ne doute pas qu'au moins une cheville a dû se fouler dans l'équipe des mariés. Dans ma situation, on compare, et c'est agréable de constater l'absence de guinguettes Ricard et donc de garçons ivres.
Je me trouvais déjà dans une autre fraternité, celle du premier soir de La Conca, quand les obliques du soleil commencent à raser les terres. J'ai vu tourner dans un champ l'une des éoliennes jaunes pas plus hautes que deux pommiers, elles servent à remonter l'eau. Diantre, toutes portent mon nom! L'usine où on les fabrique est aux portes de Montblanc. Je n'ai pas encore poussé la porte pour savoir si c'est de famille que d'aimer le vent.
Le marin réorienté directement vers La Conca par la gorge de La Riba frôlait ce petit bout d'univers. L'éventail s'est refermé au moment de franchir le col de Cabra. Une heure plus tard, à l'entrée de Barcelone, c'était les paquebots rangés dans le port et couverts de lampions.
À bientôt.
PS: Deux journées ont passé. Hier soir lundi, j'étais au Camp nou, "nous" avons gagné 3-0 contre Gijón. J'avais à mes côtés un fan suédois. Je me suis souvenu des forêts de la Dalécarlie, des bouleaux de Mora! Tous les mêmes ces Suédois: montés comme des armoires, à la seconde où on les observe, on leur voit pousser une hache au bout du bras.


lundi 24 août 2009

Chaise longue et réverbérations



Bonjour,
Ici, même le temps se repose. Les 180 coups d'aile que donne une mouche à la seconde m'affolent. Je viens de quitter ma chaise longue pour cette photo devant la maison de Jean-Robert, dans la rue principale de Pauilhac, entre Lectoure (vous savez!, le bleu de Lectoure) et Fleurance (vous savez!, le pays de Messegué). Je ne connaissais pas le Gers, sauf pour avoir vu au cinéma Le Bonheur est dans le pré. C'est admirable. Je n'avais jamais autant vu de platanes au bord des routes ces vingt dernières années. Ailleurs, la politique de sécurité routière les a ôtés à notre oeil de conducteur.
Question de devoir de vacances: qui a introduit le platane en France? Réponse: Pierre Belon, voyageur savant du XVIème siècle qui ramena également le lilas des jardins du Sultan de Constantinople. Je suis presque incollable sur les platanes. J'ai grandi avec eux sur le boulevard circulaire de Brive. À quatre pattes, nous tournions en rond autour. Enfants, nous tirions leurs écorces par plaques, nous hésitions à arracher celles où les amoureux gravaient des coeurs fléchés, à l'automne nous ramassions les akènes, leurs boules dépendues par la saison.
Si vous voulez connaître une ombre généreuse et fraîche, soyeuse et presque liquide, marchez un jour sans du tout se presser dans celle formée par les platanes de la Rambla de Port-Bou, à la frontière entre la France et l'Espagne. Si vous voulez sentir la marque d'une verticalité tourmentée, faîtes le tour de ville de Céret et regardez ensuite la série des Platanes que Soutine a peint comme des flammes. On les voit en ce moment au Musée (superbe) de cette ville, où l'on devrait obligatoirement passer un temps de son existence comme l'ont fait Picasso, Manolo, Masson et quelques autres grands peintres.
Pour le moment, c'est Pauilhac qui m'enthousiasme, avec ses champs de tournesol, corolles rondes comme des visages de madones délicatement inclinées. On ne le fera jamais assez remarquer: il n'est d'ombre sans lumière. Depuis mon arrivée, le soleil étire un drap dans le ciel, un drap blanc comme un masque du théâtre japonais. Sa réverbération fait des plans sombres au-dessous de chaque toit incliné dans la bonne direction.
L'ombre de Pauilhac met la lenteur à vif. Et c'est ainsi que nous philosophons dans nos chaises longues: Heidegger est-il ou ou non à vilipender? Je n'ai pas tout à fait la même interprétation que Jean-Robert à "la liberté, c'est la compréhension de la nécessité", bref, nous mesurons nos ignorances, ces ombres salutaires que dessinent en nous les quelques petits soleils qu'on a appris. Hegel abandonné, nous débattons de la pression des pneus de la Vespa de Jean-Robert comme des Laguiole qu'un manant qui ne s'est pas dénoncé a placé dans le lave-vaisselle, crime de lèse-culture pour tout citoyen né ou passé un temps par le Puy-de-Dôme ou par l'Aveyron.
Ainsi, à flottements lents comme ceux des anémones de mer, Martine, Toni, Jean-Robert et moi nous vivons dans l'attente de l'inéluctable qui cependant tarde à venir: se lever.
Nous nous y sommes résolu pour quelques courses au marché de Fleurance, sous la halle, à peu près de la même taille que celle de Gaudi au Park Guëll, sauf qu'ici les piliers multipliés sont droits comme des "i". Les halles du Gers, c'est quelque chose: j'ai croisé sur la route celle de Mauvezin, le pays de Roger Couderc, et beaucoup sont à l'identique, avec leurs toits amples comme des manteaux de bergers et si lourds qu'il leur faut des charpentes de chêne noués à la force 100. Vous l'avez remarqué? Curieusement, chacun de nous retient à vie des détails comme celui-ci: la charpente de Notre-Dame, c'est 800 chênes!
Des halles du Gers s'envolent les palabres autour du maïs qui pousse et du rugby, ainsi que la faconde du radicalisme politique, celui d'un Midi antiversaillais et rouge, fédéré à la fin du XIXème siècle à Béziers. Alors, ça tchatche pas mal à Pauilhac, surtout que la fête locale a bousculé nos nuits. Au petit matin, j'en ai vus qui flottaient sur leur nuage anisé, et j'ai songé qu'il y a quelques siècles ils auraient bataillé à charge de gnons, comme des sauvages, avec les villageois d'à-côté au jeu violent de l'époque, la soule. Dans la nuit, m'est venu par les claies des fenêtres, le propos d'une fille qui pleurait au bras de quelqu'un: "Il vient de m'envoyer un sms pour me dire qu'il en a baisé une autre." Il ne faudrait pas abandonner les enfants à la sortie de l'école. J'ai poussé légèrement le volet, je l'ai vue s'éloigner, hoquetant, le visage logé dans l'épaule du confesseur. Grave-t-on encore des coeurs fléchés dans l'écorce des arbres? En tout cas, on ne dit plus chaise longue mais..., mince j'ai déjà oublié !
Je ne peux vous quitter sans vous dire que les champs immenses font comme des paillassons de seuil à l'ados des collines au sommet érodé. C'est que le soleil brûle! Sans signaler non plus la présence d'un village qui se nomme magnifiquement Nougaroulet ("le petit noyer") ! Je m'arrête là, bien que le "Qu'est-ce que regarder sans penser?" de Goethe dans les jardins de Rome me tire par la manche. Je vois les perles de miel d'une glycine au bout des troncs noueux. Brive n'est pas loin dans ce bout de paradis intense. Je comprends maintenant qu'il soit, pour Jean-Robert, un point cardinal.
Je vous embrasse.


Sable breton


Chers toutes, chers tous,

Ici, il est préférable d’aimer les crêpes, l’odeur des algues, le va-et-vient des marées et les pulls à rayures... J’ai pris le petit escalier de Port-Haliguen qui mène à une crêperie de fond de ruelle, à laquelle il ne manque même pas le vélo bleu contre le fourré d’hortensias roses. J’ai laissé les bateaux dans la boue brune d’une marée basse, couchés sur une oreille. Sur un quai de granit, sous une sirène en bronze, toute une nostalgie de cordages et de filets retient le jour au mitan. J’ai pensé aux cours d’aquarelle d’Ester, au premier étage de la rue Girona, il aurait fallu tirer les pinceaux du sac...

[Je venais de tomber, juste sous l’escalier, sur une empreinte de l’Histoire, une plaque déposée par la Ligue des Droits de l’Homme en 1932 : « Ici est débarqué le Capitaine Dreyfus à son retour de l’Île du Diable, le 1er juillet 1899. » J’avais pris la photo, ma mémoire avait rassemblé tout ce qu’elle savait, j’avais songé très fort à Saïd, mon frère, mort dans le métro le 23 juin dernier, vingt jours après été élu trésorier de la LDH.]

... J’ai traversé la pièce plombée par l’ombre, nous sommes maintenant dans la cour de la crêperie de fond de ruelle, on regarde dans l’assiette d’en face une crêpe au caramel brun, on n’a pas d’intention, trop de beurre pour qui est civilisé à l’huile d’olive, on s’invente un bout de récit autour du visage de Dreyfus quand il pose le pied sur le quai graniteux, on ferme la parenthèse, la conversation est protégée par le ciel blanc gris, à la table voisine une grand’mère s’enquiert auprès de sa petite-fille de la vie qu’elle mène à Paris.

Paris, à 510 kilomètres : au cours du voyage, j’ai écouté à la radio Marguerite Duras. J’ai noté, tout en conduisant, cette phrase qui sort, on n’est pas sûr d’avoir bien retenu, de Moderato cantabile : « Les oiseaux s’aiguisent le bec contre les vents froids. » J’ai jalousé la perfection de la phrase. Une fillette disait très sérieusement d’une voix de fillette : « Les sorcières, on les voit dans les rêves, pas dans les rues. » J’avais trouvé beau l’entre sourire et rire de Duras qui alors avait jailli.

Je vous écris de Quiberon, au-dessus de la plage des pas marqués dans le sable, je lui vois la peau, elle a le grain des dos offerts et transis par les frissons. À la terrasse, un garçonnet ajuste ses lunettes rouges au-dessus d’un cahier de devoirs de vacances, la maman se penche, elle adoucit la réponse que cherche l’enfant ; le papa est comme le paysage, abandonné à une demi léthargie. Au loin, Belle-Île... Autour, sur les croupes des landes, les maisons et leur double coloration d’hirondelle... Et tous ces horizons de mer abandonnée en ce moment à des palpitations tranquilles : deux journées ici, et pas un soupçon de tempête.La Bretagne n’a pas été inventée par les Bretons uniquement pour lancer des pincées de sel et de beurre vers la France. Elle prodigue aussi la mélancolie et une façon de se serrer contre le monde quand le soir tombe sur les lichens. Je lis que dans Totalité et infini, Levinas consacre des pages à la caresse. Il écrit que la caresse « marche à l’invisible », qu’elle « fait naître un monde intermédiaire, où chacun, à la fois touchant et touché, n’est plus exactement soi-même, sans pour autant être devenu autre. » La Bretagne appartient à cet intermédiaire.

Salut, je file vers le Gers.

mardi 18 août 2009

Paris-sur-eaux









Dans le parc André Citroën (en souvenir des usines d'automobiles) sur le quai de Javel (en souvenir de la fabrique d'eau du même nom), les petits Parisiens...

lundi 17 août 2009

Le petit canon du Palais Royal
















On ne vient pas lire dans les jardins du Palais Royal sans penser à Colette. On ne respire pas l'air des grilles aux pointes dorées sans songer à Filles en aiguilles, la dernière création du parfumeur Serge Lutens à la boutique parme. Les roses blanches ruissellent au bord des parterres. À trois pas des colonnes de Buren, un petit canon...
On lit ceci sur une plaque: "1786 - Le sieur Rousseau, horloger au 95 galerie de Beaujolais, indiquait midi aux promeneurs du Palais Royal en tirant le canon installé sur la ligne méridienne de Paris. Une loupe était censée provoquer la mise à feu d'une mèche, les jours de soleil. 1799 - Le petit canon a été déplacé au milieu de ce parterre. Il tonnera jusqu'en 1914. 1990 - Il fonctionne à nouveau, tous les jours à midi, depuis le 13 juillet 1990. Cette légende y était gravée: Horas non numero nisi serenas (Je ne compte que les heures heureuses)."

vendredi 14 août 2009

Vive la mariée



Chers toutes et tous,
Paris continue de sonner juste. Vendredi, le mariage de Pierre et Akiko n'a pas dérogé à ce sentiment d'août que tout exalte ces jours-ci: une halte amicale sur un banc du Luxembourg, un petit aller à Saint-Maur par l'autoroute de l'Est libre comme une artère saine, une conversation de bord de sable au mitan de la nuit des Tuileries en compagnie des statues de Maillol allongées et tournées vers les frises frêles des lumières du Louvre. Mais d'un et cetera j'évite de vous fatiguer avec le reste, et en viens au fait.
On ne saurait dire ce qui l'a emporté de cette journée d'union entamée sous les fresques lourdes de la mairie du 13ème, prolongée place Saint-Georges dans ce qui fut la maison d'Adolphe Thiers (le boucher haïssable de la Commune de 1871) désormais siège d'une fondation, et achevée dans un restaurant japonais, le Oto-Oto, de la petite rue du Sabot tracée de biais dans Saint-Germain-des-Prés.
Le tofu c'est fou, ai-je pensé sous les poutres de l'établissement, à l'heure où l'on déposait devant moi la dixième des délicatesses. Néanmoins, je songeai aussitôt aux cinq heures de conversation formidablement fébrile que j'avais eues dans le temps avec Ferran Adrià, m'oubliant au tout premier échange qu'il fût le meilleur cuisinier au monde pour ne voir devant moi qu'un homme électrisé par l'intelligence de la création, [j'ai écrit alors comme je crus parler avec un peintre], puis à son beau livre qu'il m'avait offert, et dont quelques images se superposaient aux plats qui se succédaient en ce vendredi parisien, matières comme éthérées, matières molles comme les montres daliniennes, couleurs pâlies et soulevées par les algues discrètes et sombres, ces soupiraux ouverts sur les vagues, que j'avais eues aussi dans le sanctuaire d'El Bulli. C'est dit: grâce au chef du Oto-Oto, je comprenais concrètement le pourquoi de quelques influences asiatiques dans l'univers du chef catalan.
Je m'éloigne et je ne m'éloigne pas du sujet. Je suis même en plein dedans, car au fond rien de mieux que "le gai savoir", cet apprendre en se réjouissant et en se recréant au contact de l'Autre, comme en cette journée multiplicatrice de rencontres, femmes, hommes et jeunes gens de Hukuoka comme de Saint-Galmier. Quand le Fujiyama embrasse les Monts du Forez...
Pierre est le premier violon du Quatuor Ébène dont je vous parle parfois, et si j'ai pris goût à faire chanter la langue en écrivant des chansons, [oui, je poursuis ma diète, donc oui je m'affaire à écrire La traversée du dessert], c'est aussi parce que les draps du lit des compositions de Pierre sont frais comme un matin de campagne et sa fébrilité partagée, énergie qui fait au coeur et à l'âme comme des aiguillettes andines quand on passe un col à 5000 mètres fraîchement essoufflé. Mais il faudrait ici que je songe à me taire, car si je me lance dans ce qui est au final l'une des variations de l'amour, on n'est pas près d'en sortir.
C'est dit aussi: le mariage entre Pierre et Akiko a été gai comme un bon champagne et comme s'il n'y avait pas assez de motifs de gaieté, voilà que dans la rue du Sabot, nous en étions alors au premier saké, arrivait, descendu de chez lui à trois portes, Ivri Gitlis en personne, 87 ans depuis le 2 août. Ce surgissement depuis le plus complet des hasards a mis en transe la volière des jeunes gens, et la mariée avait opportunément conservé une de ses larmes de la mairie, se rappelant, elle la brillante pianiste, avoir joué il y a peu avec ce violoniste de tous les âges, passionné. On le voyait fréquemment chez Chancel dans Le Grande échiquier, quant à son apparition dans L'Histoire d'Adèle H. de Truffaut, je me la garde... Gitlis joue encore. J'ai pensé au passage que tous ces jeunes gens ne savaient pas à quel point la musique classique lui est redevable pour sa diffusion dans notre pays.
Vous avez compris que quand on aime on ne compte pas. Et c'était le cas vendredi. Rien qu'à penser au sifflement raffiné, japonais en somme, que produit l'eau qui frissonne, j'ai pensé qu'il fallait apporter à Akiko et à Pierre la bouilloire oisillon bleu siffleur de Michaël Graves, et qu'il fallait aussi leur composer un petit compliment dans le soir germanopratin...
Sur ce je vous embrasse.

À Barcelone
Sûr qu’on dirait Pedro
À Saint-Étienne
Peut-êt’ ben qu’on dit Pierrot
Mais à Kyoto,
Comme à Paname,
On ne connaît qu’un’ dame,
Akiko,
A-ki-Akiko.

Les mains dans le halo
Au noir du piano
C’est Akiko diafemme,
Sur les galets diaphanes
Des palais de Kyoto
Akiko,
A-ki-Akiko.

À qui qu’elle cause?
Oh comme il ose !
Viens donc que l’on s’accorde
Qu’a dit l’ joueur de cordes
Akiko a rosi
Les ouis de la Mairie
Et les sourires en si
Ah quel référendame !
D’Italie à Wagram
Depuis on la réclame
Akiko,
A-ki, Akiko

L’a presqu’ pas b’soin de nom
Cinq lettres et elle s’habille
D’Italie à Bastille
L’air court dans son flacon
Akiko,
A-ki-Akiko.
Que d’A, que d’I, que d’O
Mais rien ne sonne faux

À Barcelone
Sûr qu’on dirait Pedro
À Saint-Étienne
Peut-ê’ ben qu’on dit Pierrot
Mais à Paris,
C’est Pierre qui le dit
Ai vu une colombe
Et ai suivi son ombre
M’a enlevé par ipon
C’est ma fleur du Japon
Don’t forget les trois notes
Qu’j’ai trouvé dans ma hôte
A-ki-ko
A-ki, Akiko.

mercredi 12 août 2009

Avec la radio on ne peut pas revenir en arrière



Bonjour à toutes et à tous,
On n'entre pas comme ça à la Maison de Radio France! Même en plein mois d'août, les vigiles montent la garde. Soit vous pénétrez dans "le camembert" blanc du bord de Seine et, badgé, vous suivez votre guide sans le lâcher jusqu'au studio où vous est proposée une conversation le plus souvent confiante; soit vous rendez visite à un ami de l'intérieur qui vient vous prendre par la main, plus besoin de badge, à la porte A ou B, ou C du grand fromage qu'en ce moment des légions d'ouvriers désamiantent.
En mai, je m'étais trouvé dans le premier cas de figure, terminant au studio 117 ma progression dans l'incompréhensible dédale pour une émission de Mariannick Bellot sur l'exil dans le cadre de Surpris par la nuit sur France Culture. Hier après-midi, je me trouvais dans l'autre situation: Michel est venu me chercher porte B, nous avons sillonné le toujours incompréhensible dédale jusqu'au studio...117 ! Comme quoi, je le pense très fort, c'est le hasard qui nous conduit quand nous le provoquons, souvent sans le savoir. Les chaises que nous occupions en mai étaient posées sur la table le cul en l'air. Le repos qui envahit Paris en août s'infiltre jusqu'au coeur même du dédale.
Michel était en train d'achever de mixer une émission sur le thème du safari, qu'on entendra bientôt sur France Culture. Cela veut dire qu'il transforme en matière sonore captivante les sons sélectionnés à partir d'un scénario par une réalisatrice ou par un réalisateur. Dans le studio, des gorilles poussaient des petits cris... Ainsi, l'art de Michel, enchanter le fond par la forme, revient à détourner délicatement l'auditeur de son activité du moment, à lui faire couper le filet d'eau en train de couler sur la salade, ou bien à lui faire taire le chien. On ne soupçonne pas de combien de nuances est empreint ce métier de transformateur: la création appareillée à la technique, il faut voir sur quels ordinateurs Michel exerce sa virtuosité! Au demeurant, je ne sais plus quel pionnier de la t.s.f. expliquait un jour qu'avec la radio on ne peut jamais revenir en arrière, au contraire du livre et du journal [aujourd'hui cependant existe la technique du podcast]. Cette réflexion est tout sauf banale, mais ce n'est pas l'endroit pour dire ce qu'elle inspire.
Michel m'a montré le placard qu'il fermera définitivement à la fin de l'année. Quarante années de chasseur de sons et de compositeur sonore. Il contient des bandes d'avant l'apparition du numérique, enregistrements réalisés au micro du fameux Nagra, la Rolls indestructible des magnétophones, dont le poids fabriquait, à force, des dévissages du dos. Sur les tranches des boîtes orangées, tout un inventaire à la Prévert, apparemment sans le raton laveur: poulailler, oiseaux, mouches, trains de nuit, vent, eau, péniches, rires, femme, Strasbourg, train vapeur, galets, gare de Lyon, balles vibrantes, taxi, Arctique, verrous, Vincennes, Finlande, etc. Alors, nous avons écouté des grincements d'essieux, le souffle d'une locomotive dans la forêt de Lahti, et je me suis souvenu débarquant dans cette gare, en février, à dix heures du soir, le froid suspendu à tout, même à la nuit noire finlandaise.
Michel, je peux dire son nom puisqu'on l'entend à l'antenne de France Inter et de France Culture, c'est Michel Creis qui avait mis en sons l'exposition sur une rue de La Havane que j'avais initiée pour la Fête de l'Humanité et une série de mairies avec Jean-Robert Franco, André Lejarre, photographes, et avec Alex Jordan, le Berlinois graphiste de Grapus (le groupe qui avait inventé notamment la signalétique de La Villette). Comme quoi, le passé n'est jamais passé: avec de tels amis, les queues de la comète s'étirent, s'étirent, et réenchantent le présent déjà vieux au moment de naître.
Avant de vous quitter, je dois vous dire que nous sommes montés au dernier étage de la Maison de Radio France. De là, on embrasse Paris par toutes les lèvres. Au bout de mon Linux, j'ai saisi la Tour Eiffel, me souvenant soudain de mon premier voyage à Paris, et de la reproduction de la Tour en mauvais métal que nous avions alors ramenée. On vend encore les mêmes à l'entrée des Tuileries...
L'oisiveté, c'est la sieste + l'or des pensées.
À bientôt.
PS1: tâchez d'écouter Brigitte Fontaine chanter Comme à la radio...
PS2: ci-après une toute petite carte d'avant-hier...


5 bis rue de Verneuil



De passage dans le Quartier Latin, arrêt devant le 5 bis de la rue de Verneuil, désert complet. Sur le mur de l'ancienne maison de Gainsbourg, la légende continue de s'écrire depuis le 2 mars 1991. Alors un bout de chanson...

Le Poinçonneur des Lilas
J'suis l'poinçonneur des Lilas
Le gars qu'on croise et qu'on n' regarde pas
Y a pas d'soleil sous la terre
Drôle de croisière
Pour tuer l'ennui j'ai dans ma veste
Les extraits du Reader Digest
Et dans c'bouquin y a écrit
Que des gars s'la coulent douce à Miami
Pendant c'temps que je fais l'zouave
Au fond d'la cave
Paraît qu'y a pas d'sot métier
Moi j'fais des trous dans des billets

samedi 8 août 2009

Adieu Champ Contier


Ce n'est plus qu'un point perché de l'autre côté de la vallée des gorges... Adieu Champ Comptier (voir les cartes précédentes).
À Gap, j'ai songé au Tour de France; au col Bayard, au ski de fond; à Laffrey, au retour d'exil de Napoléon; à Grenoble, à rien; à Lyon, à Guignol; à Mâcon, au vin; à Beaune, aux Hospices; à Porte d'Italie, aux anges de la Porte d'Orléans; boulevard de l'Hôpital, au jardin du Palais-Royal; au 119 du boulevard de l'hôpital, aux silences d'août dans les étages parisiens.
Michel est passé en sortant de son studio de la Maison de Radio France. Il cherche LE son qui dirait immédiatement Paris à l'oreille. Je lui ai suggéré le marché de la rue Mouffetard, le samedi matin.
Je serai à La Mouffe dans un petit quart d'heure, et je songe que les cris et les abricots roulent dans la pente jusqu'au replat de l'église Saint-Médard.


mardi 4 août 2009

Je me dépense sans Contier


Bonjour,
Le jeu de mots est le salut de l'homme. Merci à Christian pour celui qu'il me fait parvenir. Effectivement, je me dépense sans Contier! Que j'explique tout de même, toujours depuis le piton de Champ Contier, que Christian est un journaliste chasseur: il a donc l'esprit en alerte vingt-cinq heures sur vingt-quatre, et, depuis sa base de Carnon, rien ne lui échappe de ce qui se passe sur la zone de l'arc méditerranéen qu'il couvre; celle qui va de Nîmes jusqu'au Perthus.
Me voici tout juste rentré, sans avoir compté mes pas dans la côte. Au fait, j'aimerais que l'un d'entre vous sorte de sa torpeur, s'il est en vacances, ou bien se distraie de sa tâche, s'il est en plein labeur, afin de me renseigner sur deux points: 1. je viens de parcourir 4,4 kilomètres en 1 heure et 2 minutes, j'aimerais donc connaître ma moyenne horaire; 2. sachant que je suis de petite taille, 1.64, à combien de centimètres peut-on évaluer chacun de mes pas dans une pente d'une moyenne de 15%, et par conséquent combien de pas ai-je bien pu accomplir ce matin.
Vous allez penser que l'oisiveté amollit mes capacités de calcul. Probablement. Cependant, en relisant Montaigne, Les Essais, Livre I, chapitre 8, De l'oisiveté, on comprend combien l'oisiveté apparemment stérile peut se révéler fertile. Dans la côte, je n'ai cessé de penser: à la fillette disparue dans la Durance, je sais maintenant qu'elle se prénomme Anissa; à ce refrain pondu l'autre jour (Gambettes nues, jupettes claires/Les filles thé vert boivent à la paille/Leur automne time, leurs quarante ans) auquel j'ai rajouté deux vers dans un virage (Et j'suis gourmand d'une de ces filles/La fille châtaigne aux tennis blancs). Comme on est: je venais de couper une touffe de serpolet, et le blanc tendre de ses fleurs... Les idées viennent en marchant. Je revendique la primauté de cette formule dans un article paru sous ce titre dans Le Monde en 1983. Je ne vous raconterai évidemment pas tout ce qui m'est passé par la tête, mais au panneau marquant une interdiction de rouler au-delà des trente kilomètres/heure, je me suis promis, je ne sais pas pourquoi, de vous envoyer une carte depuis Embrun où nous allons faire marché demain, et elle portera pour titre Embrun en blond. Vous êtes prévenus. Faire danser la langue: je crois que l'expression est de Nougaro. Le préféré de mes jeux de mots? Allo Platt!, titre d'un entretien dans L'Équipe avec Robert Platt, un entraîneur de l'équipe de France de canoë-kayak que j'avais eu au téléphone.
Michel m'avait conduit avant huit heures dans la vallée, au Lauzet. Il partait une nouvelle fois pour l'Argentière à cause du drame. Depuis le début du séjour chez M§M, nous n'avions pas ouvert la tévé. Mais en raison des événements... Michel m'a demandé quelques conseils pour affronter les medias, Michelle attend en ce moment son retour, elle hoche la tête au-dessus d'un journal sur la terrasse. Elle me demande pour la cuisson de la brioche. Chez M§M, c'est 5 étoiles! Je viens de poser le point sur l'écran et j'entends "Oh, le ciel, il est bleu..." Il l'était déjà dans ma montée de côte. En voyant l'univers diviser la vallée en deux nappes, l'une ombrée, l'autre ensoleillée, on comprenait mieux la nature des jolis mots que sont l'ubac" et l'adret. En écoutant les préoccupations de Michel au-dessus des toitures grises du Lauzet, je me suis souvenu du temps des urgences de crise médiatique, par exemple un samedi matin au ministère des Finances à Bercy, dans un grand bureau clair au-dessus de la Seine: un homme, indécis, et moi, payé pour ne pas l'être. D'autres eaux... Le ministre Hirsch parle de multiplier les contrôles des activités aquatiques. Lui, on peut dire qu'il raconte sans compter des salades: avec quels moyens, quand l'État réduit les effectifs dans les directions départementales de Jeunesse et Sports?
Huit heures avaient enfin sonné à l'église du village et je me préparais à monter. Le petit lac de moraine rassemblait ses eaux vertes reposant sur le dernier frisson maintenu depuis l'aube. Au bar, deux bonshommes se tapaient une bière blonde. Huit cents mètres après le pont romain sur l'Ubaye, c'était un chien noir et la courtoisie de ses propriétaires l'attachant à mon passage. Plus haut, c'étaient les premières tiges jaunes surgies des cailloux, les "cierges de Notre-Dame" postés au garde-à-vous. Encore plus haut, c'était des érables ne songeant pas encore à rougir, il sera temps en automne. Dans le dernier virage, c'était la voiturette de La Poste sous sa peau jaune maïs, alors que je pensais à Devos sur la scène du Théâtre de la Ville: "Mon pied gauche avance, mon pied droit le dépasse, mon pied gauche ne veut pas s'en laisser compter, il repasse devant, et moi, comme un imbécile, je marche!"




dimanche 2 août 2009

Sous la pluie...


Il pleut sur Champ Contier, il pleut sur la maison, il pleut sur la maisonnée. Une fillette de 11 ans originaire d'Étampes est morte hier après-midi dans la Durance. Un accident d'hydrospeed, un sport comme ces cinq cents autres inventés dans le mouvement du grand retour à la nature à partir des années 70-80, avec à la proue les sports extrêmes, par exemple les descentes à ski, les caméras penchées, un vieux truc, accentuant le vertige du téléspectateur.
Vu de ma berge, moi qui ai peur qu'une écrevisse ne me morde l'orteil rien que de poser un pied dans la Corrèze, mais qui me délecte à observer le chahut d'un torrent ou l'écoulement d'un fleuve, je regarde ça comme un concert de couillonnades, terme dont la nuance est mieux comprise au sud qu'au nord de la ligne Gap-Aubenas-Cahors-Arcachon, entendons par là que je m'amuse de la propension à.
Adepte intermittent de la mauvaise foi, exercice parfois salutaire pour pousser une conversation dans les retranchements, je me moquais affectueusement de mes amis de la Fédération française de canoë-kayak, alors que j'en étais le vice-président (1989-1992), en leur suggérant de créer le lancer de la casserole en kayak marche arrière. C'était une époque où, je vous le disais, on créait ce qu'on appelait des "disciplines nouvelles" en vue d'attirer des "pratiquants nouveaux". Oui, chers toutes et chers tous, j'ai été vice-président de la Fédération française de canoë-kayak, et j'aurais même pu en être le président, malgré un palmarès affligeant: deux descentes de l'Ardèche, une de la Durance et une de l'Allier, toujours accompagné, je le fais remarquer, d'un ancien champion du monde ou pas loin. Oui, presque président, autrement dit au bord d'atteindre le sommet de quelque chose! Et comme vous savez bien qu'en France, ce n'est pas rien d'être président, on est un pays de présidents, il suffit de lire le Dauphiné Libéré, le Midi Libre, Ouest France ou La Montagne, l'aventure aurait pu me porter loin!
Ainsi, au moment d'une interruption de séance du nouveau comité directeur (on n'en sortait pas avec l'élection du président), l'un des deux candidats au poste s'était approché de moi dans les latrines de l'Institut National des Sports pour me dire: "Llibert, je m'efface en ta faveur si tu fais acte de candidature." Dans la position debout qui sied en ce genre de lieu, j'avais attendu dix secondes avant de répondre "non" et de fermer la braguette. Durant ces dix secondes, j'avais ouvert mon esprit au vertige humoristique de l'hypothèse, un président dans cet univers aquatique qui parcourt le 100 mètres brasse-grenouille dans le temps de 14 minutes, et ce en piscine d'eau de mer .
Il pleut, je raconte ma vie et ce à quoi a échappé le sport français, tandis qu'une fillette a perdu la sienne, coincée sous l'eau par une ferraille soit balancée par un con, soit décrochée par une crue de printemps. Et je songe à un bon copain d'alors, François Ciroteau, mort le 14 février 1987, le kayak coincé entre deux rochers de la Dunière, affluent de l'Eyrieux en Ardèche, lui qui détenait le record mondial de la descente en kayak dans les chutes, avec un saut de 25 mètres.
Le risque a donc son prix: dans l'hier d'avant-hier, François le champion, hier, une fillette d'Étampes, je sais, elle aurait pu mourir en traversant un carrefour au vert. En tout cas, ici on est tristes. Michel est parti secoué sur les lieux de l'accident. Vice-président de la Ligue de Provence-Alpes-Côte-d'Azur de canoë-kayak, il se doit d'être sur place. Gérard et Nicole, eux, viennent de prendre la route vers d'autres cieux. Michelle regarde tomber la pluie derrière les carreaux. Champ Contier est noyé dans les nuages, les cendres du four banal résistent à la danse des gigots et des tartes d'hier soir, et moi je sors pour vous la photo du pont romain qui enjambe prodigieusement l'Ubaye. J'aimerais bien le photographier d'en dessous, mais pour ça il me faudrait ranger ma chemise abricot en lin et revêtir une combinaison noire improbable avec au bout du bras une pagaie. Alors...
Cependant, que l'on ne me considère pas comme un hydrosceptique! Regarder le ballet d'un frêle kayak jongler dans les remous s'apparente à ce que le geste sportif a de plus majestueux, et, dans cette famille des bords de rivière règne un accord avec la nature qui n'est pas sans rapport avec une forme de culte de l'amitié. C'est aussi en raison de cela que j'ai retrouvé avec joie la route de Champ Contier.
Salut.
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PS: si vous voulez savoir ce que c'est que l'hydrospeed, mais attention ici c'est en haute rivière, copiez http://www.wideo.fr/video/iLyROoafYrV-.html